Riceviamo questa corrispondenza in lingua francese da Parigi a cura del Prof Emerito Jean-Charles Vegliante che diligentemente pubblichiamo.
Vegliante J.Charles è un poeta e traduttore francese, specialista di traduzioni poetiche dall’italiano al francese. Professore ordinario di lingua, cultura e letteratura italiana contemporanea presso la Sorbonne Nouvelle (Paris 3), scrive sia in francese sia in italiano.
Si è formato all’École normale supérieure (Ulm), vive a Parigi dove ha insegnato presso l’Università Sorbonne Nouvelle – Paris 3 (prof. emerito). Agrégation, Thèse d’État. Ha tradotto Dante Alighieri[1], Giacomo Leopardi, G.G. Belli, Giovanni Pascoli, Franco Fortini, Gabriele D’Annunzio, Giuseppe Ungaretti, Vittorio Sereni, Giovanni Raboni, Eugenio Montale, Lorenzo Calogero, Amelia Rosselli, Pier Paolo Pasolini, Mario Benedetti[2] e altri contemporanei[3]. Ha pubblicato gli scritti francesi di Giuseppe Ungaretti, Giorgio de Chirico, Alberto Magnelli.
Si occupa anche di teoria della traduzione e co-dirige il Centre Interdisciplinaire de Recherche sur la Culture des Échanges da lui fondato (CIRCE). Jean-Charles Vegliante ha inoltre prodotto poesie in lingua italiana ed ha tradotto in italiano alcuni componimenti in lingua francese. È stato a lungo vicepresidente de Les Langues Néo-Latines e redattore dell’omonima rivista. Ha fatto parte del Comitato Scientifico del CNSL di Recanati.
Gianni D’Elia
Ha fondato e diretto la rivista Lengua (1982–1994), nata grazie al rapporto con Roberto Roversi — poeta bolognese amico di Pier Paolo Pasolini — e al lavoro comune con amici come Katia Migliori, Stefano Arduini e Attilio Lolini. Ha collaborato come critico con numerose riviste e giornali; suoi saggi sono stati pubblicati su il manifesto, Poesia, Nuovi Argomenti e L’Unità.[3]
Gianni D’Elia ha pubblicato varie raccolte poetiche, fra cui Notte privata (Einaudi, 1993), Congedo dalla vecchia Olivetti (Einaudi, 1996), Bassa stagione (Einaudi, 2003). Nel 2005 ha pubblicato L’eresia di Pasolini. L’avanguardia della tradizione dopo Leopardi (Effigie, Milano, 2005), studio seguìto poi da Il petrolio delle stragi. Postille a L’eresia di Pasolini (Effigie, Milano, 2006).
Nel 1993 ha vinto il premio Carducci.[3][5] Nel 2007 — assieme ad Antonio Pascale, Carlo Ginzburg e Titos Patrikios — è stato insignito del Premio Brancati.[6]
Nel 1994 la sua poesia “Memoria” è stata posta su una lapide a Pesaro nel piazzale Falcone e Borsellino, di fronte al Monumento alla Resistenza.
Ha scritto anche i testi di alcune canzoni per Claudio Lolli[7], come Il grande bluff, incluso nell’album Intermittenze del cuore del 1997, Riascoltando gli zingari felici, in Dalla parte del torto, 2000 e Le rose di Pantani, in La scoperta dell’America, 2006. E’ stato più volte a Recanati invitato dal CNSL.
Gianni D’Elia Deux hommages à Leopardi Le poète Gianni D’Elia, habitant amoureux d’un paysage qui fut celui de Giacomo Leopardi – Recanati et alentours, des collines aux rives –, a souvent rendu hommage au souvenir de son illustre prédécesseur, dont il évoque la jeunesse pugnace dans ces deux textes (un extrait et un poème remodelé à quelques années de distance), ici entièrement retraduits par Jean-Charles Vegliante. De Fiori del mare 2015 (évidente réminiscence d’un autre poète aimé, que l’on pourrait essayer de rendre par « Fleurs du sel ») au tout récent Il suon di lei (syntagme bien connu de L’infinito : « le son d’elle »), mais à partir d’une Lettre encore antérieure (lue au Colloque Leopardi de 2008 à Recanati), il s’agit, comme c’est souvent le cas en poésie, d’un véritable dialogue fraternel, par delà la distance temporelle et physique. Le poète disparu, plus jeune que notre contemporain lui rendant hommage, semble devenir ainsi, en bonne rétro-chronologie, comme une image nostalgique de notre propre jeunesse, dans une Europe non encore touchée au cœur par les désastres économiques, écologiques, sanitaires, sociaux et de civilisation. La poésie se tisse sur de la poésie, et lui (se) répond, au prétexte vrai du monde des références – le nôtre bien sûr.
Le chant des Rives
(V)
Ah, se libérer, oui, bien sûr, enfin,
couronnés de nuages infinis
sur le bord de cette mer, lentement,
où pour des années fut le doux passant…
Choses et mots, de chaque vague ardente,
de chaque pas, d’âpre écume candis,
de chaque ride au reflux ralenti,
les faire affleurer, entre être et psyché…
Au voyage des nuages fleuris,
que posent les lumières sur les toiles
étalées dans les yeux comme des digues
quand battent au loin les éclairs des voiles…
Au vrai sacré, surgi entre tes lignes,
au rien, qui dans ton être ici s’estompe,
réentendant la mer aux flots anciens,
au vent, qui à la voix vivante vient…
Ondoyer… MARE ERAM… j’étais mer…
Comme l’on nage ou peut flotter au large,
faisant la planche ou brassant le danger…
Oh, comme ça… vers l’Inconnu… voguer !
Au rythme des pieds… aux rames du vers…
Au souffle qui réplique l’univers…
De : Fiori del mare, Einaudi, 2015 (d’abord Al giovane Giacomo, in RISL 7, 2011, avec une traduction de J.-C. Vegliante, ici réécrit)
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Au jeune Giacomo (nouvelle version, 2020)
Ici, dans la grande descente du jour
Là où frissonna la plus haute tension,
Au vrombissement du soir neuf alentour
Alors qu’au soleil la placette s’éteint
Comme en réponse à lettre jamais écrite
Pour commémorer les ardeurs infinies
De la jeunesse depuis toujours défaite
Dans les illusions que l’histoire a ternies
Nous voudrions imaginer d’être un peu
Nous aussi – chacun de nous – cet homme jeune
Du vingtième siècle passé depuis peu
À qui tu voulais t’adresser, étant jeune
Maintenant, sous les chambres où tu vivais
Par chants et œuvres, on voit toute l’Europe
Avec foule de professeurs et d’élèves
Buvant à ta poésie et à ta prose
Et l’un de tes descendants là, tout sourire
Sur le seuil de la cave aux odeurs vineuses
Accueillant chaque étranger toujours suscite
Aux poignées de mains ta secousse glorieuse
Oh timide main si menue et anxieuse
Pour la grandiose alliance d’intelligence
De ton humble fleur de genêt amoureuse
Contre le grand rien et la grande démence
Tu as écrit l’infini comme une chose
Que chacun peut répéter en expérience
Si dite et pensée et non pas silencieuse
Occidentale mais d’orientale science
L’épouvante et le plaisir d’espace et temps
La perte du moi à l’intérieur du tout
L’endorphine que secrète le moment
L’adrénaline du but s’il se dissout
De cet écho du vent au travers des plantes
Redémarre l’immense comparaison
Entre le grand silence qui se répand
Et le son d’elle après les autres saisons
Et dans la mer du temps doucement on meurt
Naufrageant on monte et s’élève au
Soleil Tu as fait en trip le film de la raison
La pose la plus difficile du nom
Pour l’effarement de l’imagination
Adolescent presque drogué de passion
Auquel après deux siècles qui sont perdus
Nous offrons cette montagne de rebuts
De ce coteau de Mille huit cent et dix-neuf
À nos tristes rives d’un Deux mille neuves
À ta pleine lune si haute de neige
Voilée par la tempête qui déjà vient
À la claire lueur qui renaît fidèle
Sur les choses les plus sombres, les plus vraies
De : Il suon di lei [dédicace], Rome, Sossella, 2020
(la ‘dédicace’ est évidemment à Giacomo Leopardi)
– trad. Jean-Charles Vegliante